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 L'état du malade et de sa maladie en Occident

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Morgane
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MessageSujet: L'état du malade et de sa maladie en Occident   L'état du malade et de sa maladie en Occident Icon_minitimeDim 3 Oct - 12:55

Compte-rendu d'un cours en anthropologie médicale qui présente bien les relations étroites entre les structures culturelles d'une population (ici, le monde Occidental) et du reflet de celles-ci dans la construction des notions de malade et de maladie (physique ou psychique). Je ne suis pas l'auteure de ces réflexions, elles sont celles d'un professeur à l'université. Ces réflexions sont des pistes tout à fait appropriées pour envisager les troubles alimentaires et les comportements auto-destructeurs, et elles aident à saisir pourquoi ces troubles sont l'apanage des sociétés occidentales.


Pourquoi a-t-on eu le besoin de développer le modèle ethnoépidémiologique?

Parce que le modèle épidémiologique traditionnel est centré sur les statistiques. Par conséquent, évidemment, l'épidémiologie doit répondre aux impératifs de la quantification et à ceux de la standardisation des phénomènes de la maladie.
Par ce premier fait, l'épidémiologie a donc oublié que la santé renvoie aussi, obligatoirement, à un ensemble de normes et de valeurs socio-culturels qui vont servir à un individu qui vont marquer les fonctions entre ce qu'ils considèrent comme sain et ce qu'ils considèrent comme pathologique. On va créer ce qui est normal et ce qui est anormal.

Depuis environ 50 ans, en occident, la biomédecine et l'épidémiologie ont assisté à une strandardisation accrûe, presque obsessive, des grilles diagnostiques (surtout en santé mentale). Ces grilles se sont appuyées sur la technologie et à la prétention de pouvoir s'étendre à tous les groupes humains sur la planète (ce qui est impossible vu les disparité culturelle de chaque groupe).

Parallèlement, on assiste, dans le champ médical lui-même, à l'apparition d'un système de classification diagnostique de plus en plus différencié et sophistiqué. Dans le champs de la santé mentale, c'est flagrant : depuis la sortie du premier DSM (Diagnostics and statistics manuel, bible des psychiatres nord-américains) à la publication du DSM 4, il y a plus de 400 nouveaux diagnostiques. Pour celui qui sortira en mai 2013, il y en aura encore plus de nouveau, toujours plus précis.
Ce détournement vers le quantifiable, l'objectivable à tout prix, n'est pas innocent. Michel Foucault en parle ainsi dans "La naissance de la clinique": Pour pouvoir comprendre, traiter et guérir une maladie, il a fallu qu'elle devienne une entité spécifique, qu'elle soit objectivée, isolée de la personne qui en souffrait. Dans ce projet, il s'agissait, surtout sur le plan conceptuel, de rendre l'invisible visible. Il fallait visionner la maladie de l'extérieur. Cette séparation, cette extériorisation est le point de départ des taxonomies, des nosologies (descriptions des maladies) de plus en plus précises. La biomédecine repose désormais là-dessus, sur la séparation du corps et des maladies qu'il porte.

Cette façon de faire a changé profondément la manière de voir et d'entendre la personne qui est malade ou souffrante. Cela a instauré un nouveau regard clinique et ce nouveau regard a pour conséquence capitale un corps qui se morcèle, un corps occidental fragmenté.

Ne s'intéresser qu'à la maladie et non à la personne donne un nouveau regard sur le corps qui a désormais des parties saines et des parties pathologiques. Plus encore, on anticipe, en épidémiologie, et le corps a désormais des parties potentiellement saines et potentiellement pathologiques. Cela s'observe dans les pratique de la santé publique, par exemple elle nous dit: " Si tu fumes, tu auras probablement le cancer des poumons. Elle dit en double-lecture, "Vous avez des poumons (fragmentation du corps), ils sont potentiellement pathologiques". Elle dit "Vous devez manger tant de quantité de 5 groupes alimentaires, sinon vous développerez des carences, des troubles diabétiques, l'obésité, etc".

Le contrôle du corps individuel s'est transféré et projeté au corps social. On a maintenant le même regard sur les groupes sociaux que sur le corps physique. Certains groupes sont donc considérés comme sains, d'autres comme pathologiques, d'autres comme potentiellement sains et encore d'autres comme potentiellement pathologiques. C'est un nouveau contrôle social que les anthropologues ont dénommé biopouvoir.

Michel Foucault, dans son livre "Sécurité, pouvoir et punition", discute de ce biopouvoir. Selon lui, c'est apparu vers le XVIIIe siècle. Le biopouvoir se distingue des mécanismes disciplinaires qui avaient la gestion des populations autrefois (quand le pouvoir était celui de souveraineté). Le biopouvoir prend aujourd'hui un pouvoir non plus seulement sur les humains, mais sur la Vie. Sa fonction essentiel est la gestion de la vie.

Le biopouvoir va se nouer avec l'ancien, le pouvoir souverain. Alors que le souverain tuait et gérait les individus, le biopouvoir tue la Vie et la gère. On est passé de l'un à l'autre avec la multiplication des armes biologiques, des armes ultimes, celles-là mêmes qui régissent les alliances entre les nations. On est passé du pouvoir guerrier au biopouvoir. Ainsi, l'origine du biopouvoir est la standardisation des diagnostiques au niveau du corps individuels et de la biomédecine. Le contrôle n'est plus sur la maladie, mais sur la Vie.
Dans cette fragmentation, on voit disparaître l'aspect holistique (entier) du corps souffrant en Occident. Maintenant, pour se faire entendre et reconnaître, le corps doit se conformer, se mouler aux nosologies. En se conformant à ces conceptions, il va nier, oublier toute la signification socio-culturelle et individuelle d'une maladie.
Cela a amené à un point capital : petit à petit, un écart s'est creusé entre un savoir rationnel savant (biomédecine à laquelle on doit adhérer) et le savoir populaire qui apportait du sens à donner aux maladies.

En faisant de la maladie une entitié spécifique, le processus nosologique s'est révélé être un processus d'aliénation profonde. Il est très intéressant, ce processus, pour expliquer l'état actuel des maladies mentales en Occident.

Le malade et sa maladie sont devenus des entités étrangères. C'est une dépossession d'un savoir ordinaire, indigène, au profit d'un savoir scientifique qui a pour corrolaire une création techno-scientifique des besoins en matière de santé. De plus, ces besoins sont de plus en plus éloignés du sujet, de plus en plus éloignés de son mal, de plus en plus éloigné de sa maladie. L'individu devient incapable de bons sens face à sa maladie.

Au coeur de ce sentiment de dépossession et d'aliénation face aux structures biomédicales, on peut distinguer le projet scientifique de la médecine, y voir l'embryon d'un projet politique: non seulement un contrôle du corps malade, mais aussi u contrôle du corps social. Contrôle qui passe par une connaissance détaillée de la population (comme on l'avait fait avec le corps en anatomie).

Seront mis en oeuvre des différencitations entre individus, il y aura des dictats de ce qui est sain et de ce qui ne l'est pas, de ce qui est le centre et de ce qui est la marge, de ce qui est normal et de ce qui est anormal dans la société. Cela conduira à la différenciation de l'autre et de soi-même, c'est l'isolation des uns et des autres.
Michel Foucault s'inquiète de l'expension du biopouvoir, de le voir gérer plusieurs société et plusieurs études à l'objectivité exculsive pour des phénomènes totalement subjectifs (suicides, accidents des routes, obésité, etc.).

Dans le projet épidémiologique, l'individu et la population deviennent les objets d'études (surtout quand en centre d'aide ou d'assistance sociale) et deviennent donc des objets de surveillance sociale et non plus des sujets d'études de copréhension.
À l'heure actuel, ce processus est en train d'être revu, corrigé, réfléchi par les réseaux internet, par des associations, des regroupements qui viennent interpeller la biomédecine.

L,épidémiologie va se donner, dans le même temps, l'objectif de comprendre le subjectif, ce qui apparaît comme paradoxal.
L'individu, en se moulant à cette discipline dominante perd son statut de sujet, de négociation.

Le danger est d'assister à l'hégémonie d'un langage technologique sur la maladie. Discours qui s'énonce sur la prévalence, sur des courbes mathématiques, sur des statistiques qui viennent bloquer la parole aux gens non-statisticiens. En bloquant cette parole, on prive la société de tout un matériel important (la perception des individus).

Ce manque, les anthropologues médicales essaient de le ramener dans le modèle ethnoépidémiologique. Cela n'est pas simple, car les données sont alors non-objectives, non-linéaires, non prévisibles. Mais elles prennent et rendrent compte d'une parole populaire et indispensable.

Le modèle ethnoépidémiologique tente donc de faire une liaison entre les 2 paroles. Il veut réintroduire de la subjectivité dans l'objectivité "à tout prix". Le modèle propose une analyse qualitative et non uantitative. Il reste quand même en contact étroit avec certaines données de l'analyse épidémiologique traditionnelle, elle ne renie pas les statistique, mais les juge incomplètes.

Comme grille de récolte des données, elle procède avec des questionnaires ouverts ou semi-dirigés sur un échantillon d'individus plus restreint où l'observation participante intervient de la part de l'anthropologue. Cela est très important, car permet de rendre compte de la complexité des phénomènes étudiés, de la multiciplicité des sens à entendre pour pouvoir, ultérieurement, penser une objectivité plus plausible et réaliste. Depuis 15 ans, environ, des études dans ce sens ont pris forme et ont rapproché les deux disciplines de l'anthropologie et de l'épidémiologie.

Ce rapprochement est dû à 6 éléments principaux:

1. En s'ouvrant au très grand nombre (à l'international), l'épidémiologie s'est vue confrontée à des nosologies avec des maladies inexistantes (ou manquantes), différentes de chez elle (Occident). Cela a rendu impossible la réalisation de corrélations entre les populations. Cela a amené l'impérieuse nécessécité de faire des analyses transculturelles anthropomédicales.

2. Face au monde contemporain toujours en mouvence, l'épidémiologie se voit obligée de prendre e considération des données et des facteurs comme l'influence des changements sociaux, l'influence des processus de phénomènes d'acculturation, etc.

3. L'épidémiologie devient forcée d'étudier l'influence de l'expérience migratoire sur la santé des immigrants et des peuples accueillants.

4. L'épidémiologie considère, maintenant, les comportements humains comme une variable à intégrer à leurs données. Cette variation est très complexe, surtout si on veut l'introduire dans une approche quantitative, il faut tendre vers le qualitatif.

5. Il y a 20 ans, on a fait un constat: que les populations ou l'échantillon des populations ciblées qui sont à la base des études sont assez peu représentatives des populations que l'on souhaite étudier. Pourquoi? L'échantillon en épidémiologie apporte une cartographie du problème de santé, mais, dans la réalité, ne va pas voir ls éléments cachés, sous-jacents des problèmes. Ainsi, les études ne changent pas les causes et ne démontrent que les effets. On a fait trop d'études que pour faire des études en déboursant des millions de dollars sans même penser au fait de prendre ces études comme fondement pour l'instauration de solution concrète.

6. Aujourd'hui, les organismes qui subventionnent les recherches demandent à ce que ces recherches résultent en des bénéfices visibles pour les populations, il n'y a plus de subvention sans finalité.

Cet élargissement du modèle épidémiologique ne peut se faire qu'avec une remise en cause, qu'avec un doute posé sur notre système biomédical. Ce doute peut être positif, car il peut faire cesser l'hégémonie de la biomédecine.

Selon Helen Corin, il y a 3 facteurs pour cette remise en cause du système:

1. Un des facteur repose sur le concept de morbidité qui est au coeur de la biomédecine et de l'épidémiologie. Les services de santé publique sont en faveur, aujourd'hui, d'interventions axées sur les croyances, sur les représentations populaires, sur les habitudes de vies. En axant ainsi les pratiques, on peut parvenir à mieux comprendre la notion de comportement à risque. Le tout a été alimenté par le constat d'échec des modèles biomédicales, des explications des maladies par les seuls liens de la causalité et des facteurs biologiques. On s'est rendu compte que les processus de morbidité sont changeant en fonction du temps (l'histoire, l'évolution), des stresseurs culturels. Ces processus, tels que définis par la biomédecines sont à mettre en doute.

2. Un des facteur repose sur le constat de plus en plus évident (même par les médecins) qu'il y a un rapprochement à faire entre les dimensions psychologiques d'une maladie et les dimensions physiques. La dimension psychologique est à prendre en compte dans tous les processus de morbidité. On parle donc de processus d'auto-guérison, d'auto-destruction. L'éclosion des médecine douces (comme si la biomédecine était dure) n'est pas sans liens avec ce constat, car elles reconnaissent l'individu avec/dans sa maladie. Ainsi, les processus de morbidité sont remis en question même par les praticiens de la biomédecine, et ils y amènent une dimension qualitative aux taitements, par exemple : "Ne baissez pas les bras, battez-vous, ça aura des effets!", ou au contraire : "Il a baissé les bras, y'a rien qu'on puisse faire pour l'aider maintenant.".

3. Un dernier facteur fait le constat que la maladie doit être considérée comme une construction sociales, culturelle et individuelle. Ce modèle-là intéresse l'ethnoépidémiologie. On a compris que la maladie, celle qui est dite au cabinet du médecin et la maladie portée par la personne souffrante sont rarement les mêmes, rarement superposables et ne sont surtout pas à confondre bien qu'elles existent en même temps. Il y a deux niveaux de réalités : 1) maladie biologique diagnostiquée par les praticiens et 2) maladie expérimentée par le corps altéré (qui se vivra différemment selon les facteurs socio-culturels).


Conclusion:

Le modèle ethnoépidémiologique, en entrant dans la complexification, entre aussi dans une autre notion de la maladie, non plus comprise linéairement, mais en apportant une attention particulière aux facteurs sociaux et culturels. Par exemple, la notion de soutien social apporte une nouvelle perception de la maladie. Elle n'est plus seulement sous des rapport hégémonique (vertical), mais aussi des rapport horizontaux (d'équités) qui vont sur la trame de la maladie (l'environnement, la culture).

Il n'y a donc plus un caractère unique de la classification, non plus que des maladies universelles et totalement objectives. On comprend que même la biomédecine occidentale est en constante évolution et qu'elle se modifie (donc est soumise à des facteurs objectifs) selon les impératifs sociaux à un temps donné de l'histoire. Les médecins ne peuvent plus persister dans la croyance qu'ils ont dans le diagnostique fixe et sûr. Les diagnostiques changent avec le temps, aussi, et deviennent de plus en plus subjectifs. Ex.: Dans le DSM 1, on parlait de dépendance à l'héroïne ou à la coke. Dans l'extrait du DSM prévu pour 2013, on parle d'addictions comportementales pou toutes les drogues et autres troubles reliés. Cela sort du schéma classique objectif. En refaisant une classification, on la défait.

Il faudra dé-limiter les frontières du normal et de l'anormal, du tolérable et de l'intolérable pour rentrer dans un cadre plus subjectif. On opposera les diagnostiques émiques (ceux perçus, décrits par les malades, réalité culturelle, populaire) et les diagnostiques étiques (ceux approuvés et décrits par les médecins par un langage spécifique, dictat). Il faut rendre possible le dialogue entre ces deux discours opposés et pourtant simultanés.

Cette opposition émique/étique est comparable à l'opposition cognitive (comportement des individus) et opérationnelle (environnement physique objectif) du modèle d'anthropologie écologique. Peu importe dans quel modèle, il faut rendre compte des 2 perceptions et cela passe par l'approche de l'anthropologie médicale.
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